10/29/2018

En mémoire de Germain Roux déporté à Mauthausen



En septembre 2019, Plusieurs personnes, dont des membres de la Famille de Germain Roux se sont rendus ensemble à Mauthausen pour une visite commémorative. Une petite pierre symbolise le retour de Germain sur Castres où son nom figure sur le Monument aux Morts.


En mémoire du Sergent Germain Roux 
Croix de Guerre avec une étoile de vermeil



République Française
Guerre 1939 -1945

CITATION 

Ordre Général n°44
Le Ministre de la Défense Nationale, cite à l'Ordre du Corps d'Armée
ROUX, Germain (F.F.I) à titre posthume

* Réfractaire au travail obligatoire, et entré dans la résistance et au Maquis de la montagne Noire avec lequel il a participé à diverses opérations. Arrêté par la Gestapo, a été déporté en Allemagne (Autriche). Mort des suites de mauvais traitements au camp de concentration de Mauthausen.

  (F.F.I : Force Française de l'intérieur)




Mort à Mauthausen le 18 Juin 1944
(matricule n° 31.865) 

Monument aux Morts de Castres

 Mr Germain Roux :

né le 23 mars 1923 à Espérausses (81260) ­ France

Matricule de déporté à Mauthausen n° 31865 

 Numéro de Prisonnier à Compiègne : 9883


Avant la Déportation :

Lieu de résidence : Castres (81100) ­ France

Profession : Fileur

 

Parcours d’arrestation et de déportation :

 Arrestation à Latour de Carol (66760) dans les Pyrénées Orientales le 29 Janvier 1943

 

Parcours après son arrestation (en France) :
1-Latour de Carol
2-Perpignan
3-Compiègne
4-.Metz

 

Suite à son arrestation par la Gestapo, le 29 Janvier 1943, Germain Roux est d'abord détenu à Perpignan. Après son transfert à Compiègne, il envoie plusieurs courriers à sa famille pour établir sa situation (apparemment les Allemands ne lui ont pas permis d'envoyer du courrier depuis Perpignan).
Depuis Compiègne (Oise) il expédie des lettres aux dates suivantes :


* 18 février 1943 (où il précise qu'il a été détenu à Perpignan avant son transfert à Compiègne (dans l'Oise)
* 22 février 1943
* 11 mars 1943
* 27 avril 1943 (où il annonce son départ imminent pour l'Allemagne)

Le 23 et le 27 février 1943, suite au courrier de sa famille s'inquiétant de son arrestation. La Préfecture, après vérification auprès des autorités Allemandes de Perpignan confirme que Germain  a été transféré en camp de Concentration de  Compiègne le 7 février 1943. Il est précisé que Germain sera probablement envoyé en Allemagne dans le cadre du "travail obligatoire".

 

 

Germain à occupé le bâtiment B5 & B6.

Sa dernière lettre de Compiègne du 27 avril 1943 indiquait son départ imminent pour l'Allemagne. 
Il Quitte Compiègne par le Convoi du 28 avril 1943.

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“Mais les arrestations se multiplient surtout le long de la frontière avec l’Espagne, en particulier dans les Basses­Pyrénées et les Pyrénées­Orientales , où beaucoup de réfractaires au STO essayent de passer.”

  “D’autres sont arrêtés dans les Pyrénées en voulant franchir la frontière espagnole pour rejoindre les Forces Françaises Libres”.

  "Puis transféré à compiègne le 7 février 1943" (d'après le courrier de la préfecture à ces Parents)

 

Lieu de départ : Convoi parti de Compiègne le 28 avril 1943

 


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Important:
Initialement Mr Germain Roux partait sur ce convoi pour le camp de concentration de Sachsenhausen au Nord de Berlin. Son évasion à tout changé, puisque suite à son
emprisonnement et la disponibilité des transports, il a fini par être redirigé sur Mauthausen finalement.


"Evadé du transport avec 12 autres déportés, repris, interné à Metz et déporté à nouveau"


 Déportation : METZ

(Prison de la Gestapo, après son évasion du convoi)




Prison de Metz en France


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Ce camp spécial d’interrogatoire de la Gestapo, antichambre de la déportation. Ce dernier voit l’internement d’environ 1800 prisonniers, principalement des résistants, qui y sont torturés et enfermés les yeux bandés avec les pieds et mains liés 

 

Déportation : BRUCHSAL ​ 

(prison allemande avant son transfert à Mauthausen qui n’était pas son camp prévu de départ) 

 


 Parcours après son arrestation (en Allemagne) :
5-Bruchsal



Prison de Bruchsal en Allemagne.


 
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Curieusement cette ville est actuellement jumelée avec celle de Tržič, en Slovénie qui est la ville proche du Tunnel du Loibl-Pass.



Déportation : MAUTHAUSEN, le 19 juin 1943 (Camp de catégorie III / NN Nacht und Nebel)
Dans le cadre de l’opération Meerschaum (écume de mer)




Camp principal de Mauthausen 
en Autriche



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"Les 3 autres arrivent le 18 juin 1943 au KL Mauthausen et sont immatriculés dans la série des 31800"
Le Troisième monument indique l’arrivé le 19 juin 1943, qui figurent également à l'avis de Décès des archives Allemandes. (cette date du 19 juin 1943 est donc confirmée)



Parcours concentrationnaire 
(en Autriche) :
 6-Camp principale de Mauthausen
7-Wiener Neustadt
8-Zipf
9-Ebensee

 

Parcours au sein du complexe concentrationnaire de Mauthausen (camp central & affectation aux commandos extérieurs):


Affectation : WIENER NEUSTADT, le 8 août 1943  

  Je pense que Germain Roux a quitté ce camp après le 3ème bombardement (2 novembre) pour aller construire à Zipf (le nouveau site renforcé sous la montagne). Germain parlait d'Usine avec visiblement un travail industriel (montage & assemblage).

 

   

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August 13, 1943... 61B-24 Liberators in the first Ninth Air Force raid on Austria (using bombers on loan from the 8AF surviving from Operation Tidal Wave) targeted the Wiener-Neustadt aircraft factory as part of the B-24 part of Operation Juggler

 

October 1, 1943...73 B-24's based at Oudna Air Base outside of Tunis, Tunisia, temporarily on loan from the Eighth Air Force bombed the Wiener Neustadt Bf 109 factory


November 2, 1943....The first mission by the US Fifteenth Air Force targeting the nearby Messerschmitt plant, including the 99th Bombardment Group on a 1,600 mile round trip, dropped 312 tons and hit the "Raxwerke"

 

A few V-2 center sections had been assembled by the "Raxwerke" when, on 2 November 1943, the US Fifteenth Air Force targeted the nearby Wiener Neustädter Flugzeugwerke (WNF) plant in Operation Crossbow and hit the "Raxwerke". Rax test equipment was subsequently moved to the site of the Redl-Zipf brewery in central Austria (code name Schlier) where V-2 test stands were built.

 

A la fin de la guerre en 1945, Wiener Neustadt était la ville la plus endommagée en Autriche: seulement 18 maisons étaient intactes, 52 000 bombes avaient été larguées sur la ville et 1 400 personnes avaient été tuées. 

 

Affectation : SCHLIER­-REDL ZIPF, le 9 novembre 1943

Après le bombardement des installations de Wiener Neustadt. Germain Roux est déplacé dans cette usine souterraine en préparation. Germain travaille probablement au percement des tunnels. Il sera déplacé directement de Wiener Neustadt à Shilier-Redl Zipf sans repasser par le camp central de Mauthausen. Ce deuxième camp marquait une évolution puisqu'il s'agit de creuser des cavernes et d'enterrer les installations de productions des éléments du programme V2.

 

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"Schlier » est le nom de code secret du site, ouvert en octobre 1943, où se trouve implanté une usine secrète de fabrication de carburant pour les fusées V2, ainsi qu’un centre d’essai capable de tester la performance de chaque réacteur de fusée.

 

"A partir de février, et jusqu’au mois d’août 1944, une série d’explosion suite à des essais entrainent la fin de ce programme Schlier, les déportés repartent vers d’autres KZ ou sur le camp central " 

 

Affectation : EBENSEE, le 5 mai 1944


"Création de tunnels d’armement relié entre eux et permettant la création d’usines souterraines  (Fusées V2 , armements , fabrique de carburant synthétique".

  "Un des camp les plus dur ou les déportés devaient travailler 14 heures par jour".

 

Affectation : CAMP CENTRAL, le 6 juin 1944 

 

Après être tombé malade au camp d’Ebensee, Germain Roux est transféré au camp central et sera vu au Revier une dernière fois. Ce lieu avait la sinistre réputation de mouroir.

Le camp sera libéré par la 11ème division blindée de la 3ème armée US  le 5 mai 1945.

 

Acte de Décès :

Acte de décès des archives Allemandes indiquant et confirmant qu'il est mort le 18 Juin 1944 à 7h00.

traduction de l'acte de Décès par Cyril :

Block : Infirmerie 

Mauthausen, le 18 juin 1944

 Acte de décès

Le déporté français Germain Roux, Matricule 31 865, né le 23.03.1923 à Castres est décédé le 18 juin 1944 à 7h interné au KLM (abbréviation de « Konzentrationslager Mauthausen ») le 19.06 1943.

SL : Sanitätslager (Infirmerie) : 6. 6 1944

Block principal/ où se trouve le déporté : 17


à MAUTHAUSEN, le 18 juin 1944 dans le camp des Malades en rouge sur l'image ci-dessous (Baraque n°7).

 

 

"Maintenant, c’est un grand espace vert, qui fait lieu de recueillement, avec de grands et beaux arbres. Seul, transparaît l’emprise des anciennes Baraques et l’escalier d’accès en pierre venant du camp".

 

  

Lieu de Mémoire :

 

Le Nom de Germain Roux figure sur le registre du Mémorial de Mauthausen page n°1569 sur les 2135 pages.

 

Le Nom de Germain Roux est inscrit sur le monument aux Morts pour la France de Castres (Voir photo ci-dessus).

 

 Notes de la Famille :

 

  "Pour mon oncle, il s’appelait Germain Roux, né le 23/03/1923.

Arrêté à Latour ­de­ Carol (66760) courant février 43, puis transféré à Compiègne le 7 février 43, puis plusieurs piste  : d’après deux témoignages et cartes qu’il a envoyé à sa mère : je vous livre des noms en vrac par chronologie  : Compiègne, pays de Zipf (suite à une lettre d’un italien qui a connu Germain et qui parle de tunnel, hiver 43­/44 jusqu’en mars 44 ,  (Rodac boleslaw, Rax­wek lager, potendorfekstrasse 39 WR Neustadt N.Donan Allemagne, lettre 1er sept 43 ) , camp d’Ebensee, c’est là qu’il est tombé malade, puis dernière carte de Mauthausen, où là, son N° matricule a changé n°31865  d’ailleurs il écrit “faites attention à mon N° matricule et block”. Date de la carte 07 mars 1944 et dernier témoignage :  on l’a vu au revier début juillet 1943...puis terminer. Son numéro jusqu’à présent était le N° 9883".


 

Le responsable de l’assassinat de Germain et de bien d’autres :

 Franz Ziereis

 

"Après la libération du camp de concentration de Mauthausen, le 5 mai 1945, Ziereis s'enfuit avec sa femme et son fils. Les soldats américains le retrouvent dans sa cabane de chasse sur le mont Phyrn en Haute-­Autriche le 23 mai. Ziereis tente de leur échapper, mais il est grièvement blessé par les tirs des soldats. Ramené à​ Gusen et interrogé, il prétend qu’un million à un million et demi de personnes ont été gazées dans le château de Hartheim près de Linz : ces affirmations, auxquelles aucun historien ne croit désormais, avaient probablement pour but de détourner l'attention des crimes commis à Mauthausen et Gusen ainsi que dans les nombreux camps annexes.

 Transporté à l'hôpital militaire américain de Gusen, Ziereis y meurt le 24 mai 1945. Son cadavre est ensuite accroché à la clôture du camp de Gusen par d’anciens détenus.

 

(Il fût le commandant du camp central de Mauthausen pendant la période à laquelle Germain Roux y fût interné, il en était aussi le responsable des camps extérieurs).

 

Sa déposition lors de son arrestation, peu de temps avant sa mort :

 

"Mon nom est Franz Ziereis, né en 1903 à Munich, où ma mère ainsi que mes frères et soeurs vivent toujours. Je ne suis pas un homme méchant et me suis élevé uniquement grâce à mon travail. J'étais marchand de profession, et durant les périodes de chômage, j'ai travaillé en tant que charpentier. En 1924, j'ai rejoint le 11ème Régiment d'Infanterie de Bavière. Peu après, j'ai été transféré au département « Formation » puis à Mauthausen avec le grade de commandant du camp. Les camps placé sous mon commandement étaient :Mauthausen, Gusen, Linz, Ebensee, Passau, Ternberg, Gross­Raming, Melk, Eisenerz, Beppern, Klagenfurt, Laibach, Loibl, Loiblpass, Heinkel, W. Wiener­Neustadt, Mittelber et Floridsdorf avec un nombre approximatif de 81.000 prisonniers. La garnison du camp de Mauthausen comptait 5.000 SS. Le nombre maximum de prisonniers enfermés à Mauthausen fut de 19.800".

« Sur l'ordre du SS­ Hauptsturmführer Dr. Krebsbach une chambre à gaz a été construite et camouflée en douche. Les prisonniers étaient gazés dans cette chambre à gaz. Toutes les exécutions étaient faites sur ordre du Reichsführer SS et Chef de la Police Himmler l'Obergruppenführer SS Kaltenbrunner, ou le Gruppenführer SS Müller. En outre 800 prisonniers furent gazés au block 31 de Gusen I. Le Oberscharführer SS Jenschk a également assassiné 700 prisonniers à Gusen, mais je ne sais pas où."

"Jenschk tuait les prisonniers de la manière suivante : alors que la température extérieure était de ­12 degrés il forçait les prisonniers à se baigner puis les faisait se tenir nus en plein air jusqu'à ce qu'ils meurent. Le Dr. Kiesewetter tuait les prisonniers par injection d'essence".

L'Untersturmführer SS Dr. Richter opérait des prisonniers, quel que soit leur état, ­ malade ou en bonne santé ­ et leur enlevait des morceaux de cerveau, causant ainsi leur mort. Ceci fut fait à environ 1.000 prisonniers. L'Obergruppenführer SS Pohl a envoyé les malades et les prisonniers épuisés dans les bois et les y a laissé mourir de faim. Ces prisonniers essayèrent de manger de l'herbe afin de survivre mais tous sont morts. De plus, Pohl diminua de moitié les rations journalières des autres prisonniers, et tous ceux qui étaient malades ou affaiblis furent gazés. Cette chambre à gaz était située au château de Hartheim, à 10 kilomètres de Linz... A Mauthausen, tous les prisonniers gazés étaient enregistrés comme « mort de cause naturelle".

"Pohl m'a envoyé 6.000 femmes et enfants qui avaient voyagé dans des wagons ouverts pendant plus de 10 jours, par un temps glacial et sans recevoir aucune nourriture. On m'a ordonné d'envoyer les enfants ailleurs. Je crois qu'ils sont tous morts. Suite à cela je suis devenu très nerveux. Sur ordre de Berlin, 2.500 prisonniers d’un transport provenant d'Auschwitz ont été plongés dans de l'eau chaude, puis, par temps très froid, ont été forcés de rester nus en plein air jusqu'à ce qu'ils en meurent. Le Gauleiter Eigruber n'a jamais envoyé de nourriture, au contraire il a ordonné que 50% des rations destinées aux prisonniers soient distribuées à la population civile. Glücks a ordonné que les prisonniers travaillant aux crématoires soient relevés toutes les trois semaines et immédiatement exécutés d'une balle dans la nuque parce qu'ils en savaient trop. Peu après, il a été ordonné que tous les médecins et infirmiers soient envoyés dans un camp de travail afin d'y être exécutés."

"Le camp de Lambrecht a été liquidé. Pohl accompagné de nombreuses femmes organisait des banquets et des saouleries dans une villa. Les prisonniers qui travaillaient dans cette villa ont été accusés de vol et transférés à Mauthausen avec l'ordre suivant : "destruction".

"La véritable raison était qu'ils en savaient trop".

"Himmler ordonna un jour de charger une pierre de 45 kilos sur le dos d'un homme et de le faire courir jusqu'à ce qu'il tombe mort. Cette méthode s'étant montrée « efficace », Himmler ordonna de créer une compagnie disciplinaire utilisant ce genre de punition. Les prisonniers devaient soulever de lourdes pierres jusqu'à ce qu'ils s'évanouissent. Ils étaient exécutés dès qu'ils s'effondraient et on écrivait ensuite dans les registres « tué lors d'une tentative d'évasion ». D'autres prisonniers étaient poussés vers l'enceinte barbelée électrifiée. D'autres encore ont été littéralement déchirés en morceaux par « Lord », le chien du commandant Bachmeyer. Le 30 avril, 33 prisonniers ont été rassemblés dans la cour du camp. L'Oberscharführer SS Niedermeyer et l'agent de la Gestapo Polaska les y ont ensuite littéralement tirés comme des lapins. En tout et pour tout, et à ma connaissance, 65.000 prisonniers ont été assassinés à Mauthausen. Dans la plupart des cas, j'ai pris part à ces meurtres. Je me joignais régulièrement aux exécutions et utilisait alors une arme de petit calibre. Les gardes SS s'entraînaient au tir en utilisant des cibles vivantes.

"Le Reichsminister Himmler et l'Obergruppenführer SS Kaltenbrunner m'ont ordonné de tuer tous les prisonniers sans exception au cas où la ligne de front s'approcherait de Mauthausen. J'avais reçu l'ordre de Berlin de détruire Mauthausen et Gusen, prisonniers inclus. Tous les prisonniers devaient être poussés dans une mine de Gusen. On devait ensuite faire sauter la mine à l'aide d'une forte charge explosive. Cette opération devait être faite par les Obergruppenführers Wolfram et Ackermann. C'est Pohl qui a ordonné cela".

 

Ziereis, l'homme responsable de la mort de Germain et de ses Camarades
(peu de temps avant sa mort)

 

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Ziereis est mort peu de temps après cette déposition. Copie certifiée exacte, extraite du procès contre le Dr. Guido Schmidt (Autriche), et publiée telle quel dans le "Wiener Arbeiterzeitung" du 20 septembre 1945.

 

Salle des noms (raum der namen)

Dernière mise à jour le 11 Février 2020